Mise en garde
Les données disponibles pour la région métropolitaine de recensement de Québec subissent un traitement statistique particulier (moyenne mobile trois mois) en raison du petit échantillon, ce qui a pour effet d’atténuer les fortes fluctuations des données. Les circonstances actuelles génèrent des variations extrêmes qui ne peuvent être pleinement observées avec ces données. En outre, les données informent sur la tendance des trois derniers mois. Ainsi, les données recueillies en avril et en mai influent sur l’estimation publiée pour le mois de juin. Veuillez noter également que nous utilisons des données comparables pour la province de Québec et les autres régions métropolitaines dans ce document.
Les données du mois de juin de l’Enquête sur la population active (EPA) ont été recueillies auprès des répondants pour la semaine de référence du 14 au 20 juin. Rappelons que les données du mois d’avril ont été recueillies auprès des répondants pour la semaine du 12 au 18 avril, alors que s’amorçait à peine le déconfinement. Pour le mois de mai, les données ont étés recueillies entre le 10 et 16 mai alors que les réouvertures allaient bon train. Depuis, le déconfinement de l’économie s’est poursuivi. Notamment, à compter du 25 mai dernier, le secteur manufacturier a eu le feu vert pour reprendre complètement ses activités tandis que les musées, les bibliothèques, les soins de santé professionnels, thérapeutiques, personnels et esthétiques ainsi que les centres commerciaux ont eux aussi rouvert. Notez que sur le territoire de la communauté métropolitaine de Montréal certains de ces secteurs ont vu leur réouverture retardée. Pour finir, les données du mois de juin ne captent pas la plus récente étape de déconfinement annoncée le 25 juin dernier.
La définition du chômage de Statistique Canada est basée sur l’activité de recherche d’emploi et sur la disponibilité à occuper un emploi. Ainsi, les chômeurs sont les personnes disponibles pour travailler qui, au cours de la semaine du 14 au 20 juin :
- n’avaient pas de travail, mais en avaient cherché au cours des quatre dernières semaines;
- avaient été mises à pied temporairement, mais s’attendaient à être rappelées au travail;
- ou étaient sans emploi, mais avaient un emploi devant commencer dans les quatre prochaines semaines.
Pour en savoir plus, visitez : https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/catalogue/71-543-G
Faits saillants
- Statistique Canada estime qu’il y avait 389 500 personnes en emploi dans la région au mois de juin, soit une augmentation de 5 900 (+1,5 %) par rapport au mois précédent. De plus, le taux de chômage s’est maintenu à 11,9 % pour un deuxième mois consécutif.
- Par ailleurs, entre les mois de janvier et de juin, on dénombrait 51 800 personnes en emploi de moins
(-11,7 %). Il s’agit de la plus importante contraction jamais enregistrée dans la RMR de Québec pour cette période. - En raison de la COVID-19, le nombre de chômeurs a explosé dans la première moitié de l’année (janvier-juin) avec une croissance de 33 700 personnes (+176,4 %). Ce bassin a ainsi presque triplé.
- Selon l’EPA, le taux de chômage de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec a atteint
11,9 % au mois de juin, un accroissement de 7,8 points de pourcentage par rapport au mois de janvier. - La population active a enregistré une baisse de 18 100 individus en comparaison au mois de janvier, ce qui porte le total à 442 300 personnes en juin.
- Au Québec, les données comparables depuis janvier indiquent une chute du nombre de personnes en emploi de 544 400 (-12,5 %). Quant au taux de chômage, il est passé de 5,3 % en début d’année à 13,8 % en juin.
Commentaire
La halte économique causée par la COVID-19 est sans précédent dans l’histoire récente. La mise sur pause de l’économie au gré des consignes de la santé publique a provoqué une onde de choc sur le marché du travail. Cependant, les données disponibles à l’échelle des RMR canadiennes ne permettent pas de mesurer complètement les fluctuations exceptionnelles des derniers mois, et particulièrement celles liées à la reprise économique. Toutefois, les chiffres publiés par Statistique Canada pour le mois de juin permettent d’observer l’ampleur de la mise sur pause de l’économie sur le bilan de mi-année. Veuillez noter également que les données utilisées pour le Canada, le Québec et les autres régions métropolitaines dans cette analyse sont comparables.
Les six premiers mois de l’année 2020 sur le marché du travail furent préoccupants et fortement agités en raison de la pandémie. À cet effet, le taux de chômage dans la RMR de Québec, qui trônait au sommet des palmarès canadiens depuis des années, est passé de 4,1 % au mois de janvier à 11,9 % au mois de juin, occupant désormais le 3e rang parmi les huit principales villes du pays. L’éclosion de la pandémie a également influencé la participation de la main-d’œuvre au marché de l’emploi. Les données de l’EPA du mois de juin révèlent que la population active dénombrait 442 300 individus, soit 18 100 de moins (-3,9 %) qu’au mois de janvier. À ce propos, le taux d’activité de la région, d’ordinaire le plus élevé du Québec, a glissé au 2e rang derrière Montréal, passant de 66,8 % en janvier à 64 % en juin. Quant au taux d’emploi, il a atteint 56,4 % en juin alors qu’il était de 64 % en début d’année. Ainsi, la région a connu, cette année, sa plus forte contraction de l’emploi jamais enregistrée entre janvier et juin. Statistique Canada estimait le nombre d’emplois à 389 500 au mois de juin, soit 51 800 de moins (-11,7 %) qu’en début d’année (janvier 2020). Sur la même période de six mois, le nombre de chômeurs a presque triplé, atteignant un total de 52 800 personnes (+176,4 %).
La pandémie a bouleversé la réalité de l’ensemble des régions au Canada et ses répercussions sur le marché du travail sont diverses et complexes. En comparaison au mois de janvier, le nombre d’emplois a reculé dans l’ensemble des régions métropolitaines. Le recul pour le Québec représente une réduction du nombre d’emplois de 12,5 %, tandis qu’elle se chiffre à 12,7 % dans l’ensemble du Canada. Par ailleurs, la flambée des taux de chômage est généralisée depuis janvier alors qu’on observe une hausse de 8,5 points de pourcentage au Québec et de 7,3 au Canada.
Émile Émond
Économiste
Québec International