Mise en garde
Les données disponibles pour la région métropolitaine de recensement de Québec subissent un traitement statistique particulier (moyenne mobile trois mois) en raison du petit échantillon, ce qui a pour effet d’atténuer les fortes fluctuations des données. Les circonstances actuelles génèrent des variations extrêmes qui ne peuvent être pleinement observées avec ces données. En outre, les données informent sur la tendance des trois derniers mois. Ainsi, les données recueillies en mars et en avril influent sur l’estimation publiée pour le mois de mai. Veuillez noter également que nous utilisons des données comparables pour la province de Québec et les autres régions métropolitaines dans ce document.
Les données du mois de mai de l’Enquête sur la population active (EPA) ont été recueillies auprès des répondants pour la semaine de référence du 10 au 16 mai. Rappelons que les données du mois d’avril ont été recueillies auprès des répondants pour la semaine du 12 au 18 avril. Entre les deux, certains secteurs de l’économie ont eu le feu vert pour reprendre leurs activités. Notamment, à partir du 4 mai les commerces de détail ayant un accès direct extérieur ont été autorisés. De plus, les chantiers de construction dans leur totalité et une partie des manufacturiers ont pu reprendre à compter du 11 mai. Autant de réouvertures captées par les données du mois de mai. Toutefois, la réouverture complète du secteur manufacturier à compter du 25 mai dernier ne pourra être observée que le mois prochain.
La définition du chômage de Statistique Canada est basée sur l’activité de recherche d’emploi et sur la disponibilité à occuper un emploi. Ainsi, les chômeurs sont les personnes disponibles pour travailler qui, au cours de la semaine du 10 au 16 mai :
- n’avaient pas de travail, mais en avaient cherché au cours des quatre dernières semaines;
- avaient été mises à pied temporairement, mais s’attendaient à être rappelées au travail;
- ou étaient sans emploi, mais avaient un emploi devant commencer dans les quatre prochaines semaines.
Pour en savoir plus, visitez : https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/catalogue/71-543-G
Faits saillants
- Statistique Canada, estime qu’il y avait 383 600 personnes en emploi dans la région, soit 16 400 de moins qu’au mois d’avril (-4,1 %) et 54 700 de moins qu’au mois de février 2020 (-12,5 %).
- Le nombre de chômeurs a poursuivi son augmentation avec 10 100 personnes (+24,2 %) de plus qu’au mois d’avril. Depuis le début de la crise (février 2020), leur nombre s’est multiplié par 2,7, soit une hausse de 33 200 (+177,5 %).
- Selon l’EPA, le taux de chômage de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec a atteint
11,9 % au mois de mai, un accroissement de 7,8 points de base par rapport au mois de février. - La population active a enregistré une baisse de 6 300 individus en mai, le recul en comparaison à février totalise maintenant 21 500 personnes.
- Au Québec, les données comparables indiquent une chute du nombre de personnes en emploi de 196 500 par rapport à avril (-4,9 %) et 538 300 par rapport à février (-12,3 %). Quant au taux de chômage, il a augmenté à 12,9 % en mai.
Commentaire
L’économie du Québec redémarre peu à peu et conditionnellement à l’évolution de la pandémie. Organisée en phases, la levée des restrictions sur les activités et les services rythme la reprise du marché du travail de la région. Cependant, la reprise économique s’opère progressivement et les résultats ne pourront être mesurés que dans les mois à venir.
Les données à l’échelle des RMR affichent une fluctuation de l’emploi édulcorée par le traitement statistique appliqué en raison de la petite taille de l’échantillon. Ainsi, les chiffres publiés par Statistique Canada pour les régions métropolitaines pour le mois de mai sont, en fait, la moyenne des trois derniers mois. Ce traitement, d’ordinaire nécessaire, a pour effet de modérer les variations extrêmes qui sont la norme dans cette conjoncture exceptionnelle.
Sur la base, donc, de la moyenne des trois derniers mois, Statistique Canada estime qu’il y avait 383 600 personnes en emploi dans la région au mois de mai, soit 16 400 de moins que le mois précédent (-4,1 %). Ainsi, la baisse imputable à la pandémie se poursuit et l’on dénombre maintenant 54 700 emplois en moins (-12,5 %) depuis le début de la crise (février 2020). Au même moment, le nombre de chômeurs a augmenté de
10 100 personnes (+24,2 %) au mois de mai. Par rapport au mois de février dernier, ce nombre a été multiplié par 2,7, soit une hausse de 33 200 chômeurs (+171,7 %). Les circonstances extraordinaires semblent influer fortement sur le nombre de personnes actives sur le marché du travail. À ce propos, au mois de mai, la population active a décliné de 6 300 individus (-1,4 %) et le recul observé depuis la mise à l’arrêt de l’économie, totalise
21 500 personnes (-4,7 %). Par conséquent, la population active sur le marché du travail de la région a atteint un creux de 435 500 individus.
Dans la RMR de Québec, le taux de chômage a bondi à 11,9 %, soit 7,8 points de base de plus qu’au mois de février dernier. Or, le taux de chercheurs d’emploi dans la région était le 4e plus élevé parmi les huit principales RMR canadiennes, une situation inversée de la tendance observée avant l’éclosion de la maladie. À cet effet, la région affichait systématiquement le plus faible taux de chômage au Canada depuis plus de cinq ans. À titre d’exemple, au mois de mai de l’année dernière, le marché du travail de la RMR de Québec était de loin le plus serré au pays avec un taux de chômage de 2,8 % devant celui de Vancouver à 4,2 %. La flambée du chômage liée à la COVID-19 dans la RMR de Québec (+7,8 points) est la quatrième plus élevé au Canada derrière celles de Windsor (+8,4 points), de Montréal (+8 points) et de Guelph (+7,9 points).
Toutefois, il faut considérer que les données mensuelles pour la RMR de Québec offrent un regard partiel sur les retombées de la COVID-19, et ce, en raison de son développement en continu et ses effets complexes.
Émile Émond
Économiste
Québec International
